Les pires idées QVT, ou comment être sûr de se rater

Attirez les talents et réduisez le turn over en évitant les pièges dans lesquelles ces différentes entreprises sont tombées en matière de QVT.

Entamer une démarche QVT, ce n’est pas juste installer un babyfoot et mettre en place un apéro du vendredi. C’est faire un travail de fond colossal dans toute l’entreprise, pour approfondir sa culture, et surtout apprendre à écouter réellement ses salariés et leurs besoins.

Selon l’ANACT, (Rapport ici), 70% des entreprises qui se lancent dans une démarche QVT sans avoir réellement travaillé le projet, se retrouvent avec des actions non suivies et un désintérêt des collaborateurs !

Par contre, si vous engagez vos collaborateurs dans la démarche et que vous mettez en place une politique QVT aux petits oignons pour eux, c’est le Graal : des salariés heureux, productifs, qui communiquent positivement sur votre entreprise. Du coup, votre turn over est à son minimum et vous attirez les talents ! 

Ca donne envie non ? Bien sûr, ce n’est pas si simple que ça mais ça vaut le coup de s’y pencher sérieusement ;)

On vous a déjà parlé de Google et de sa politique avantages en béton armé, aujourd’hui on veut vous parler de toutes ces fausses bonnes idées que vous ne devez SURTOUT PAS mettre en place chez vous. 

C’est pourquoi on vous a rassemblé les pépites des pires idées QVT que des salariés anonymes ont osé nous confier.

Attention, à ne pas reproduire chez vous !

Pire idée QVT n°1: Recruter ses collaborateurs à l’aide de contrats spéciaux pour rallonger la durée légale de période d’essai

François travaillait dans une entreprise qui utilisait les contrats aidés pour rallonger le parcours de recrutement.

Le parcours de recrutement d’un collaborateur était le suivant, peu importe le parcours de ce dernier.

Embauche en contrat POE (Préparation Opérationnelle à l’Emploi) de 3 mois, puis 6 mois de CDD, et enfin, le graal : le CDI. Neuf mois de période d’essai pour réussir à obtenir un contrat stable.

Les contrats spéciaux, là où ça coince :

  • Ce genre de stratagème peut peser sur le moral du collaborateur et son bien être dans l’entreprise. Comment convaincre les talents de venir travailler dans une entreprise qui repousse au-delà du maximum le moment de leur faire confiance ? 

Sans oublier que ce procédé est très limite légalement, ce qui n’a pas non plus pour effet de rassurer votre employé. 

  • Pendant les périodes de forte croissance d’une entreprise, et donc de grosse embauche, les contraintes administratives peuvent devenir ingérables !

Ceux qui ont déjà travaillé en collaboration avec Pôle Emploi pour des contrats aidés le savent : beaucoup de papiers à remplir et de pièces à fournir. 

Ce que je peux faire à la place pour sécuriser au max mes recrutements :

Un recrutement ce n’est pas quelque chose qu’il faut prendre à la légère ! On ne va pas vous contredire sur ce point.

Mais il existe plusieurs solutions pour enrichir votre processus de recrutement et éviter les erreurs. Hackathon, serious game, cooptation, mobilité interne…

Challengez vous continuellement en vous inspirant des meilleurs.

Par exemple, Decathlon facilite au maximum la candidature en ligne à travers une plateforme qui aide le candidat à trouver le job qui lui convient le mieux en fonction de ses compétences, aspirations, passions et localisation.

Les collaborateurs sont aussi très investis dans le processus de recrutement puisque c’est eux même qui s’occupent de faire la fiche de poste. Le premier entretien avec le candidat se déroule d’ailleurs avec les potentiels futurs coéquipiers du candidat (qui peut être individuel ou collectif et sportif).

Pire idée QVT n°2 : Organiser un événement sans avoir pris en compte les envies des salariés

Pour le Noël de l’entreprise dans laquelle travaillait Estelle, la direction avait organisé une “Murder Party” à laquelle tous les employés étaient conviés. Plutôt une bonne idée, en soit !

Sauf que, pour les employés de cette entreprise, la fête de Noël avait une toute autre saveur. Effectivement, les collaborateurs étaient tous jeunes (entre 25 et 35 ans), s’entendaient tous très bien et avaient l’habitude de se retrouver autour d’apéros en after work… La fête de Noël était synonyme, pour cette équipe, d’un moment très convivial, où, tous ensemble, ils se retrouvaient autour d’un verre.

Or, une murder party c’est un jeu qui se joue en équipe et où les différents joueurs ne se croisent pas forcément. Ici, il y avait 7 groupes de 7 personnes. Les groupes se croisaient, mais ne se parlaient pas. Le jeu a duré 3 heures.

Décider seul, là où ça coince :

L’entreprise a engagé une certaine somme pour cette fête ratée : les collaborateurs étaient déçus, la moitié ont décroché, personne n’a passé un bon moment.

Ce que je peux faire à la place pour inclure mes collaborateurs :

Vous pouvez demander à vos collaborateurs ce qu’ils préfèrent, en les sondant avec des questions ouvertes, ou en leur proposant plusieurs options.

Et, pourquoi ne pas leur proposer d’organiser eux-mêmes leur fête de Noël ? Sur la base du volontariat, ils pourront ainsi se saisir du sujet et s’éclater à préparer la fête, dans le cadre que vous avez vous-même fixé. 

Une façon de favoriser les rencontres entre les équipes et de permettre aux volontaires de partager leur créativité.

Succès garanti !

Pire idée QVT n°3 : Noter et contrôler ses collaborateurs via ses clients

Blandine nous racontait que son entreprise avait mis en place un logiciel pour que le client note le collaborateur avec lequel il était en contact. 

En fin de mois ou de prestation, le client recevait un questionnaire sur lequel il devait noter la prestation de 1 (le moins bien) à 5 (le best). 

Lorsque le client mettait une autre note que 5, le collaborateur devait convenir d’un rendez-vous pour connaître la raison de la note, puis faire un rapport à son manager sur cette raison.

Cette procédure devait permettre de détecter au plus tôt les problématiques liées à la satisfaction client. Le manager pouvait rebondir, et contacter le client, voir avec le collaborateur ce qui ne fonctionnait pas… L’idée n’était pas mauvaise.

Cependant, mal utilisée (et c’est franchement subtil de trouver un équilibre sur une idée comme ça !), les conséquences étaient très néfastes sur les collaborateurs.

Le “client-flic”, là où ça coince : 

  • Dans 75% des cas, les clients mettaient la note de 4 et la raison était régulièrement qu’il est toujours possible de faire mieux. Les collaborateurs avaient l’impression de perdre leur temps à faire un rapport à leur manager à chaque fois.
  • Les clients n’appréciaient pas la démarche. Certains n’aimaient pas avoir à noter la personne avec qui ils étaient en contact. D’autres ne souhaitaient pas expliquer plus en détail leur note (surtout lorsque la note était de 4). Au fur et à mesure, les clients récurrents ont fini par toujours mettre 5, pour ne pas être rappelés.
  • Le bien être des employés peut en pâtir. Les collaborateurs peuvent être moins satisfaits de leur travail, se sentir moins efficaces, voire perdre confiance en eux.

Ce que je peux faire à la place pour stimuler le feedback constructif : 

  • Donner envie à vos collaborateurs de parler de leurs problèmes, ne les leadez pas par la peur, encouragez-les à parler de leurs échecs.
  • Organisez des petits ateliers entre collaborateurs (sans hiérarchie) pour parler d’une problématique client qu’un des collaborateurs rencontre. Partages d’expérience, tips, solutions : que du positif ! En plus, cela soude une équipe !
  •  Demander l’avis des clients est une bonne idée mais, il est plus productif de le faire sous forme de questionnaire, sans évaluation chiffrée. De cette façon, vous pouvez avoir un retour qualitatif du travail effectué.
  • Encouragez vos collaborateurs à faire le point sur la prestation globale lors d’un call hebdomadaire. D’ailleurs, le manager peut se joindre à ce call si le collaborateur en ressent le besoin.

Pire idée QVT n’°4 : Préférer les rendez-vous clients en présentiel et rembourser les notes de frais au minimum

Dans son ancienne entreprise, Fred était en déplacement très régulièrement. 

Il avait entre 4 à 10 rendez-vous par mois, partout en France, parfois même à l’étranger.

De plus, les repas étaient pris en charge à hauteur de 10€ par repas, peu importe le lieu où il se rendait. Il complétait donc la plupart du temps avec son argent personnel la note, qui était en moyenne de 15€/repas.

Déplacements trop fréquents, là où ça coince : 

Les collaborateurs étaient fatigués et n’avaient pas l’impression que ces déplacements étaient reconnus par l’entreprise comme un effort de leur part puisque ces déplacements n’étaient pas valorisés. La motivation n’était plus présente au sein de l’équipe. Alors que l’entreprise pensait stimuler ses collaborateurs et leurs productivité en leur permettant de se rendre régulièrement auprès de leurs clients.

Ce que je peux faire à la place pour limiter la fatigue des collaborateurs liée aux déplacements :

  • Encouragez vos collaborateurs à faire leur réunion client en visio. La pandémie de COVID nous a bien montré que c’était possible sans perturber les résultats. Cela fait des économies pour l’entreprise et le collaborateur est moins fatigué et stressé.
  • Un collaborateur reposé et soutenu par son entreprise est un collaborateur productif. En lui donnant toutes les chances de se déplacer dans de bonnes conditions, votre collaborateur aura de meilleurs résultats. Un investissement pour une meilleure rentabilité !

Pire idée QVT n°5 : Payer ses salariés au SMIC et compléter avec de grosses primes

Mélanie travaillait dans une entreprise qui payait ses chargés de communication au SMIC. En fonction des résultats, leur salaire était complété par une prime, plus ou moins conséquente. 

Attention avec cette utilisation des primes. Même si elles sont conséquentes, cela risque d’avoir des conséquences négatives sur l’envie de travailler dans une entreprise.

Salaire trop bas, là où ça coince :

  • Refus des banques pour les emprunts immobiliers, location difficile à obtenir… Les collaborateurs vont finir par chercher un autre emploi pour que leur vie personnelle soit plus confortable.
  • Les seniors voyaient leurs primes valorisées mais pas leurs salaires de base. 

Des compétences non reconnues qui ont entraîné un turn over important dans l’entreprise.

  • Le salaire proposé n’attirait pas de talents et l’entreprise n’avait que des juniors comme candidat. 

Idées QVT pour créer une politique de rémunération juste et épanouissante :

  • proposer un niveau de rémunération correct, qui colle au niveau de profil du candidat, et à ses besoins émis
  • proposer une prime avec un calcul transparent et un gain lisible pour stimuler le salarié sur l’année

Pire idée QVT n°6 : Mettre en compétition ses collaborateurs

Dans l’entreprise de Benjamin, les primes étaient données en fonction des résultats financiers. Plus le portefeuille client était gros, plus les primes (financières ou en natures) étaient élevées. Il y avait aussi des concours entre les différents collaborateurs sur qui ferait la meilleure offre, le meilleur chiffre…

Compétition en interne, là où ça coince :

  • Lorsque les collaborateurs sont toujours moins performants que leurs collègues, qu’ils ne gagnent jamais rien, ils finissent par perdre confiance et sont moins productifs.
  • Une compétition trop importante peut générer des tensions dans le groupe. Ici, les collègues étaient en compétition permanente, ne travaillaient plus en collaboration. Chacun bossait dans son coin en voulant montrer qu’il était le meilleur. 

Idées d’amélioration pour une entreprise qui veut motiver les collaborateurs :

  • En tant que manager vous pouvez vous servir de l’énergie collective pour rebondir après un échec, même individuel. N’hésitez pas à mettre en place des petits groupes de travail, sans hiérarchie, pour discuter, en équipe, des problématiques rencontrées, des solutions à apporter.
  • Pourquoi ne pas inscrire dans les grilles d’évaluation des entretiens individuels des critères valorisant les comportements collaboratifs.
  • Sachez aussi qu’un collaborateur compétiteur n’est pas néfaste pour votre entreprise, au contraire !  Montrez-lui comment être un moteur pour les autres. Proposez lui, par exemple, de devenir le mentor d’un de ses collègues…

Alors, prêt à ne SURTOUT PAS suivre une de ces pires idées QVT ? :) 

La QVT est une démarche globale de l’entreprise, qui consiste à prendre en compte le bien-être du salarié, et donc à éviter tout ce qui pourrait nuire à sa santé mentale et physique. Bien sûr, l’idée n’est pas non plus de tomber dans une QVT contre-productive ou extrême, on aime bien cet article un peu provoc’ qui en parle bien. Mais en prenant cette démarche au sérieux, en incluant vos collaborateurs dès le début, ne serait-ce qu’en les questionnant, et en vous inspirant de ce qui se fait ailleurs (lire à ce sujet les 30 avantages salariés à proposer absolument en 2022), vous vous assurez vraiment qu’elle contribue à la performance globale de votre entreprise, et à une ambiance harmonieuse!